Vénézuela : Maduro craint « Un cheval de Troie » à travers l’aide humanitaire américaine.

Alors que la crise économique et sociale ne fait qu’empirer au Vénézuela, Nicolas Maduro continue de refuser l’aide humanitaire proposée par les Etats-Unis. Ce dernier estime que l’entrée de ces aides humanitaires n’est qu’un prétexte à une intervention militaire étrangère.


Le poste frontière d'Urena, principal point de passage entre le Venezuela et la Colombie est fermé pour interdire le passage de containers en provenance des Etats-Unis• Crédits :  JUAN BARRETO - AFP

A moins de 24h de l’ultimatum imposé par Juan Guaido avant l’entrée de l’aide humanitaire dans le pays, Nicolas Maduro ne semble toujours pas vouloir de celle-ci. Entreposée à la frontière colombienne dans la ville de Cucuta, elle vient essentiellement des Etats-Unis. L'Union Européenne et les voisins sud-américains ont également contribué économiquement à cette aide, qui a "une valeur de 100 millions de dollars" (88 millions d’euros) », rapporte France Culture. Le successeur d’Hugo Chavez la bloque aux frontières depuis le 7 février à l’aide de son armée qui lui est loyale. Il y voit un prétexte pour le gouvernement américain de lancer une intervention militaire sur son territoire. D’autant plus que Donald Trump a récemment évoqué ne pas exclure faire usage de la force pour faire tomber le leader du Parti Socialiste Unifié du Vénézuela.

Maduro préfère faire confiance à la Russie

Le président vénézuélien a annoncé lundi l'arrivée prochaine de 300 tonnes d'aide humanitaire expédiée depuis la Russie. "Celle-là, nous l'avons payée avec dignité", a-t-il assuré, affirmant que les biens proviennent de Russie mais aussi de Chine, de Turquie, d'autres pays, ainsi que de l’ONU. Une partie de ces aides principalement constituée de médicaments et de matériels médicaux, serait déjà arrivée hier par l’intermédiaire de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) rapporte le correspondant de l’agence de presse russe (TASS).

Ce vendredi, la porte-parole de la diplomatie russe , Maria Zakharova a exprimé son soutien à Nicolas Maduro en déclarant que "la traversée de la frontière vénézuélienne par le soi-disant convoi humanitaire" était "un prétexte commode pour une action militaire". La Russie a d’ailleurs rejeté les appels à désavouer le président Maduro au profit de son opposant soutenu par Donald Trump, Juan Guaido.

Un refus catégorique

Pour ce qui est des convois prévus demain, ils auront sans doutes beaucoup de mal à passer la frontière. La frontière avec le Brésil et les liaisons avec l’île néerlandaise de Curaçao, autre lieu de stockage de l’aide humanitaire, sont fermées depuis hier soir. Les hommes de Maduro ont déjà bloqué les présumés lieux de passage et notamment le pont de Tienditas reliant le Vénézuela à la Colombie. Le président autoproclamé, Juan Guaido,  s’y trouverait depuis hier pour tenter malgré tout de faire entrer l’aide humanitaire. Cependant, le pont Simon Bolivar pourrait aussi être une porte d’entrée à l’aide humanitaire. Rappelons que ce pont, toujours ouvert aux piétons permet à des centaines de vénézuéliens de passer la frontière pour aller chercher des vivres en Colombie et même fuir le pays.

Une situation catastrophique

Le Vénézuela traverse l’une des pires crises de son histoire. L’hyperinflation, les pénuries alimentaires et de médicaments, l’accès difficile à l’eau potable et aux services sanitaires ravagent une population qui fuit de plus en plus son pays. Selon l’ONU, plus de 3,4 millions de vénézuéliens ont quitté leur territoire depuis le début de la crise économique et politique. Sur la base des mêmes chiffres, les Nations Unies estiment qu’ils pourraient dépasser les 5 millions d’ici la fin de cette année. Et pourtant les aides humanitaires postées dans les pays frontaliers rapportent que la situation des migrants vénézuéliens est guère meilleure. N’ayant pas accès aux services de protection et de santé, leurs conditions de vie peine à s’améliorer. L’accès d’une aide humanitaire apolitique plus importante semble primordial pour la survie de millions de vénézuéliens et le futur du pays, dans l’espoir d’un lendemain meilleur.

Alexandre Crouzet