À travers ce beau projet qu’est le « fil rouge », j’ai découvert de plus près le métier que j’ai envie de faire dans l’avenir, celui de journaliste sportif. Quoi de mieux pour cela de partir à la rencontre des acteurs du métier ?
Un rêve pour beaucoup pour peu d’élus. Un rêve pour des milliers de passionnés de sport que de devenir journaliste sportif. Mais pour réussir dans ce métier, ce rêve doit se transformer en objectif. Car un rêve est une construction de l’imagination à l’état de veille, destinée à échapper au réel. Mais ces milliers de passionnés ne veulent sans doute pas d’une destinée irréelle. C’est pourquoi, bien conscient, il faut le transformer en objectif : but précis, cible que quelque chose ou quelqu’un doit atteindre par des actions. Il faut donc agir. Comme le dit si bien Grégory Massart dans son livre Comment devenir Journaliste Sportif ? (publié aux Éditions Clément) : « Le marché du journalisme est fortement concurrentiel : beaucoup de candidats et peu d’élus. Pour s’y faire une place, il faut donc être capable de se construire un réseau de connaissances solide, c’est à dire de sportifs et de journalistes expérimentés dans tous les types de support médiatique (radio, TV, presse écrite, internet, agences de presse). Il peut arriver que par manque de relations, de jeunes étudiants, brillants durant leur formation, éprouvent toutefois beaucoup de difficultés à trouver un emploi. ». C’est en cela que le Fil Rouge est intéressant.
L’importance du réseau et des stages
Le carnet d’adresse est donc primordial. Il faut être conscient que c’est un métier qui marche par le réseautage, les pistons, les connaissances comme l’ont bien rappelé les différents journalistes sportifs rencontrés et notamment Margot Dumont (Journaliste BeIN Sports et Consultante pour le football français chez Sky Sports DE) : « Je conseille à tous les étudiants de faire un maximum de stages, c’est là que l’on apprend réellement le métier de journaliste et qu’on s’y crée un réseau. Pour ma part, je n’ai même pas terminée mon école de journaliste puisque grâce à mes stages j’ai décroché mon premier emploi au bout de deux ans ce qui m’a permis de rentrer dans la vie active. De plus, grâce à ces stages et piges, j’ai rencontré divers acteurs du métier, et notamment Charles Biétry, qui est à l’origine de la création de BeIN Sports, et qui m’a recrutée à la création de la chaîne. »
Un métier difficile et qui évolue constamment
Le métier de journaliste est de plus en plus précaire. Comme le rapporte le site de recherche d’emploi Qapa, le métier de journaliste arrive en 2018 en tête des professions les moins attractives. « Ambitionner d’être journaliste est le plus sûr moyen de devenir chômeur à brève ou moyenne échéance », souligne cet ouvrage. Pour Benjamin Danet, journaliste sportif et directeur général de But! Editions, le métier a changé : "Est-ce que je conseillerais à des gens d’être journaliste ? Je ne suis pas certain que je dirais oui pour une bonne et simple raison c’est que le métier est devenu trop compliqué, d’autant plus en presse écrite avec la crise. À l’époque mes premières interviews je les ai faites à Geoffroy Guichard, dans le vestiaire. Aujourd’hui on est mis derrière des fils, avec des joueurs qui font semblant de téléphoner ou qui ne s’arrêtent même pas pour parler, c’est un autre métier. Avant on pouvait aller à l’entrainement quand on voulait, aller chez les joueurs, maintenant c’est juste un entraînement par semaine et encore c’est juste s’il ne faut pas approcher dieu le père. Donc on a fait de quelque chose qui était sain, quelque chose de malsain. C’est très compliqué aujourd’hui. Des bons journalistes il y en aura toujours mais avoir des bonnes infos c’est très important, ça devient de plus en plus compliqué, et économiquement de plus en plus difficile de bosser. C’est cela dont il faut avoir conscience. » déclare-t-il.
Un métier de plus en plus difficile qui ne repose pas sur les seules qualités des journalistes. Ils sont aujourd’hui soumis à l’économie de leur média, avec une baisse des lecteurs pour la presse écrite et un besoin de passage au numérique ainsi que la possession de droits de retransmission pour les chaînes de télévision. À ce sujet, Maxime Gras, Journaliste en Freelance au sein de diverses antennes sportives (BeIN Sport, Canal +, Eurosport et parfois L’Equipe 21 ou SFR Sport) nous a relaté que « Un de mes anciens chefs Florent Houzot avait pour habitude de dire qu’on était tous plus ou moins pigistes ou en CDD puisqu’on est dépendant des droits sportifs ».
Toujours est il qu’il ne faut pas trop dramatiser. Certes l’étude faite par le site de recherche d’emploi Qapa révèle qu’il est de plus en plus difficile de vivre du journalisme. Pourtant, la commission de la carte de presse dénombre 35.047 journalistes en France, dont 7.000 pigistes. Tout en sachant que beaucoup n’ont pas ou ne renouvellent pas leur carte de presse. Le travail de pigiste, souvent dénigré à tord, est un choix pour certains journalistes qui en vivent très bien : « pour le cas d’un journaliste sportif pigiste, il peut être difficile d’accepter ce rôle de remplaçant d’un journaliste titulaire, mais ça implique aussi des avantages que le titulaire, lui, n’a pas forcément, comme celui d’être en vacances quand on le souhaite, de pouvoir choisir quand est ce qu’on travaille ou non, c’est un confort de vie. Même si administrativement c’est un petit peu plus lourd puisqu’on emmagasine des contrats qu’il faut suivre et cela demande à être vigilant pour être administrativement irréprochable. » – affirme Maxime Gras.
Il apparaît donc comme réellement possible de devenir journaliste et plus particulièrement journaliste sportif. Mais il faut aimer ce métier, être passionné car il prend beaucoup de place dans une vie. Se tenir au courant de l’actualité, toujours se mettre à jour, chercher à s’améliorer, entretenir son réseau pour faire de la qualité et durer. Certains traits de personnalité sont aussi requis comme la curiosité, une tenacité, et de l’audace. Avoir des compétences techniques ne suffit pas dans le journalisme, la personnalité compte aussi pour beaucoup : il faut être sociable, savoir s’impliquer dans la vie d’une rédaction ainsi que prendre des initiatives tout en restant à l’écoute, en faisant preuve d’humilité. « Cet équilibre est difficile à trouver mais il reste indispensable. » – assure Grégory Massart dans son livre.
Alexandre Crouzet